« La séparation entre juifs et musulmans est plus à voir avec l’histoire qu’avec la religion » (Benjamin Stora, historien)

Ayant publié un ouvrage avec Abdelwahab Meddeb intitulé Histoire des relations entre juifs et musulmans, l’historien français Benjamin Stora est venu en éclairer les coins sombres dans une interview diffusée sur la Web TV Merveilles d’Islam.

« Meddeb et moi, on était peut-être les derniers personnages vivants à avoir connu un monde où vivaient ensemble les juifs et les musulmans. La façon de vivre, le rapport au monde étaient identiques, mais quand on expliquait cela, on n’était pas cru, puisqu’on disait que ce n’est pas possible ; les juifs vivaient de leur côté »,  raconte Benjamin Stora.

Abordant le décret Crémieux, l’historien français a souligné que cela n’a rien changé en le mode de vie commun des deux communautés. « Je vivais dans un quartier où il y avait des juifs et des musulmans ; des fêtes du type circoncisions, du type mariages et les orchestres de musique arabo-andalous qui jouaient jusqu’à 4h du matin », explique-t-il.

Revenant sur les raisons qui les ont poussés, lui et Meddeb à écrire Histoire des relations entre juifs et musulmans, Stora a affirmé qu’il fallait écrire cette histoire. « 13 ou 14 siècles d’histoire commune, alors qu’il a suffi d’un demi-siècle pour que tout s’efface et tout disparaisse », a-t-il dit, ajoutant que « la séparation entre juifs et musulmans est plus à voir avec l’histoire qu’avec la religion. » « Dans le fond, les séparation vont s’accélérer au XXe siècle. Elles ont tout à voir avec les bouleversements historiques qu’avec simplement des lectures littéralistes différentes, sinon pourquoi ils ne se seraient pas séparés au XIIIe ou XIIe siècle. Pourquoi au XXe siècle ? » s’est-t-il interrogé, avant de répondre en  soulignant que les juifs et les musulmans se sont séparés à cause de la montée des nationalismes, la nécessité de l’apparition des Etats-nations, le sionisme politique. « Ce sont des questions fondamentalement politiques appuyées sur de considérations religieuses », a-t-il expliqué.

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