Ramadhan, Pâques, Pessah

Cette année, « Pessah » pour les juifs, « Pâques » pour les chrétiens, et « Ramadhan » pour les musulmans se fêteront, simultanément, plus ou moins à la même période du mois d’avril.

Pessa’h (hébreu, Pessa’h, latin : Pascha « Pâque ») est l’une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme prescrites par la Bible hébraïque, au cours de laquelle on célèbre l’Exode hors d’Égypte et le début de la saison de la moisson de l’orge qui inaugure le cycle agricole annuel.

Elle commence le 14 « nissan » à la tombée de la nuit (qui correspond, selon les années, à la fin du mois de mars ou au mois d’avril dans le calendrier grégorien) et dure sept jours (huit en diaspora selon le judaïsme orthodoxe) dont seuls les premiers et les derniers sont totalement fériés. Elle inaugure en outre la période de l’Omer au terme de laquelle est célébrée la fête de Chavouot.

Pâques est peut-être la fête la plus importante du christianisme. Elle commémore la résurrection de Jésus, que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la Passion, c’est-à-dire « le troisième jour ». La solennité, précédée par la Semaine sainte, dernière partie du carême, commence dans la nuit précédant le dimanche de Pâques, par la veillée pascale.

Ramadhan est le neuvième mois du calendrier hégirien. Seul mois dont le nom figure dans le Coran, Ramadhan est pour les musulmans le « mois saint par excellence » car il constitue le mois du jeûne (ou sawm) et contient Laylat al-Qadr (la nuit du Destin). En français, on emploie indifféremment le mot « Ramadhan » pour désigner le mois saint pour les musulmans et, par métonymie, le jeûne ou sawm.

Il débutera, cette année, (d’après le calendrier lunaire), vers le 12 avril.

Le jeûne du mois de Ramadhan constitue l’un des cinq piliers de l’islam. Au cours de ce mois, les musulmans ayant l’âge requis selon les courants de l’islam ne doivent pas manger, boire, fumer, ni entretenir de rapport sexuel de l’aube au coucher du Soleil. Ramadhan est considéré comme le « mois de la charité » car, lorsqu’il s’achève, le fidèle doit s’acquitter d’une aumône, la zakât al-fitr.

Il est aussi le mois au cours duquel de nombreux autres événements importants de l’histoire de l’islam sont commémorés. Trois fêtes. Trois symboliques célébrées à la même époque…

En cette période, je veux penser que la symbolique est magnifique et je le vis comme un signe divin en ces temps où le créateur de l’univers est parfois offensé par la folie des hommes et où l’on continue à exterminer en son nom ses propres créatures comme dans les temps les plus obscurantistes.

Je ne veux pas penser qu’il s’agit d’un pur hasard, ni d’un caprice du calendrier lorsque le ciel nous invite à célébrer l’arrivée de ces messagers de paix et d’amour: Abraham, Jésus, Mohamed…

Abraham n’était ni juif, ni chrétien, ni musulman. Il inclinait vers le culte du Dieu « Unique » en s’abandonnant à Lui en toute confiance, et il ne Lui associait point d’autres divinités

(Coran, III, 67). « Abraham n’était ni juif, ni chrétien. Il était entièrement soumis au Dieu Unique »

Il est donc le dénominateur commun des trois grands monothéismes, qui pourraient être appelées « religions abrahamiques. »

« Un personnage qui reste central » même si le grand patriarche est interprété différemment. Il est le père des Hébreux pour les juifs, l’exemple de ce que sera Jésus pour les chrétiens, et le premier des musulmans dans l’islam. « Abraham c’est celui qui va rappeler le message important du monothéisme et asséner, affirmer véritablement, que l’on vit dans un monde monothéiste. »

Jésus est le fils de Marie (Maryam) et le Coran glorifie sa mère autant que les évangiles : toute une sourate du Coran lui est consacrée (Coran; 19), où toute la force du symbole est mise en valeur: « Rappelle-toi aussi de l’histoire de Marie, telle qu’elle est mentionnée dans le Coran (19/16). »

« Nous ferons de cet enfant (Jésus), un signe pour les hommes et une miséricorde qui vient de nous » (Coran 19/21)

Si Dieu a décidé de faire de Jésus une miséricorde (rahma), au nom de quel droit, des hommes qui parlent, soi-disant, au nom de l’Islam traitent d’infidèles et d’ennemis de Dieu ceux qui appartiennent aux « Gens du Livre » (Ahl al Kitab) qui ont choisi le christianisme ?

Au nom de l’intolérance, de l’ignorance sûrement: les hommes sont les « ennemis de ceux qu’ils ignorent. »

Comment peut-on connaître l’autre si nous l’ignorons, nous l’excluons, le rejetons ?

De quel droit nous nous permettons de juger les autres pour leurs croyances?

N’est-ce donc pas par nos actes que nous juge Yahvé, Dieu ou Allah?

Ce sont justement ces contradictions et cet abîme culturel qui explique la relation parfois violente du musulman et même de certains imams avec les autres religions monothéistes et l’absence de dialogue, loin de notre propre histoire et de l’enseignement coranique :

« Nous avons fait pour chacun de vous un sentier, une loi et un chemin. Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté, mais il vous a divisé afin de vous éprouver sur ce qu’il vous a donné » (Coran, 5/52-53)

Une invitation divine au dialogue, au respect mutuel et à l’élimination de toute sorte de conflit qui est le fondement essentiel de la tolérance.

La disparition progressive de cette vertu de notre contexte spirituel et philosophique est probablement la raison principale de notre isolement religieux qui frôle l’inceste métaphysique ; à tel point que notre ignorance et l’effet du courant wahhabite a fait que nous considérons nos frères chrétiens comme des « ennemis de Dieu. »

Rappeler ces vérités fondamentales au moment où plus  de la moitié de l’humanité célèbre ces fêtes nous pousse à mieux nous connaître pour parfaire notre connaissance de l’autre.

Il est certain que nous n’avons pas la même approche dans les célébrations étant donné que nous avons beaucoup de divergences du point de vue dogmatique.

Cependant, il est inacceptable qu’au nom de l’Islam, on nie le dialogue entre les religions ou qu’on veuille imposer une nouvelle lecture des textes sacrés.

L’ostracisme qui stigmatise les « Gens du Livre », n’est pas seulement contraire aux valeurs de notre religion et à notre culture, mais se trouve être, de plus, en totale contradiction avec nos traditions d’accueil et de dialogue.

Notre devoir est d’écouter l’autre pour mieux le comprendre et mieux nous faire entendre, et ainsi pouvoir célébrer ce qui nous unit, sans ignorer ce qui nous différencie.

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