Le 08 avril 1973, le jour où Pablo Picasso est décédé

Naître pour créer, est le sort de Pablo Picasso. Son insouciance significative envers les matériaux fait de lui, non pas un fourre-tout, mais un tout fourré de techniques artistiques. « On peut peindre avec ce qu’on voudra, avec des pipes, des timbres-postes, des cartes postales ou à jouer, des candélabres, des morceaux de toile cirée, des faux-cols », écrit Guillaume Apollinaire dans son Picasso et les papiers collés.

Faire de tout une œuvre d’art, métamorphoser le réel, l’acculer dans l’étau de ses « caprices » artistiques, sont bel et bien les touches de Picasso. « Si je colle trois morceaux de bois sur une affiche et si je dis que c’est de la peinture, ce n’est pas la liberté […]. S’il y a une liberté dans ce qu’on fait, c’est de libérer quelque chose en soi-même », dit-il.

La posture de photographe de Pablo Picasso est atypique, car tout en se mettant face au sujet, il le recrée, le réinvente. « Oui, tu as fait de la photographie, comme tous les peintres, mais avec tes propres yeux, tes propres mains et non avec des appareils empruntés. Tu as même inventé le sujet », écrit Man Ray dans Picasso photographe.

Un Picasso algérien ? Oui, il en est un. Dans ses Algéroises (Les femmes d’Alger), le point de départ est un détournement draconien de la jubilation de Delacroix. « C’était aussi une façon pour Pablo Picasso de réfuter toute la tradition de la peinture orientaliste qui avait fait de l’Orient une immense maison de tolérance, un éden idyllique d’odalisques rondouillardes et richement habillés (déshabillés?). Picasso s’insurgea contre le contresens barbare de l’histoire qui fait l’essence même de l’idéologie coloniale ou impérialiste », écrit Rachid Boudjedra dans ses Chroniques d’un monde introuvable. C’est ainsi que Picasso fut un Algérien.

 

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